𝐉𝐨𝐮𝐫𝐬 𝟐 𝐞𝐭 𝟑 : 𝐫𝐞́𝐩𝐞́𝐭𝐞𝐫 𝐬𝐨𝐮𝐬 𝐥’œ𝐢𝐥 𝐝𝐞𝐬 𝐦𝐨𝐧𝐭𝐚𝐠𝐧𝐞𝐬
Je me souviens que Valère Novarina nous avait dit -on avait créé juste après André Marcon, le Discours aux Animaux- il nous avait raconté comment il avait écrit ce texte. C’était à la montagne, chez lui, debout dans sa grange. Il y avait là sept chèvres, des poussins, des dindons, des moutons et un porc nommé Nixon. Novarina poussait la porte de l’écurie et il avait quarante-quatre yeux fixés sur lui. Partageait son temps entre écrire et faire cuire d’énormes marmites de pommes de terre pour le cochon. Un travail constant, avec tous les volets fermés parce qu’il faisait froid, un long moment d’enfermement bloqué par la neige de septembre…
Le deuxième et le troisième jour sont pour l’apprentissage (les fameuses « répétitions ») et ça se fait en grande partie dans la cuisine, en partie dans la montagne. J’ai pris la route du haut, qui surplombe la maison et les champs, et je marche avec les poèmes et chansons que je dois apprendre. Ce sont des textes de natures très différentes :
-10 aphorismes et autres petites phrases (Christian Bobin, Friedrich Nietzsche) -5 poèmes (j’ai là deux textes de Rumi, un de Victor Hugo -dans la légende des siècles-, un de l’argentin Juarroz -poésie verticale- et un texte de Jean-Pierre Simeon -la nuit respire-) -3 contes courts (Le palais ou les pensées prennent forme, L’arbre la hache et le manche, L’enfant et l’empereur) -2 extraits de Njeddo Dewal, épopée peule -2 chansons (une de Mathieu Chedid, une de Mercedes Sosa) -1 extrait du Mahabharata
J’ai bonne mémoire, mais je me demande si je n’ai pas eu les yeux plus gros que le ventre. Rien que l’histoire de Caïen poursuivi par l’œil de Jéhovah, c’est bon mais copieux ! Tant pis. Il est si rare d’avoir du temps pour répéter. C’est un tel luxe, que j’en profite de tout cœur ! Et puis y a aussi des choses très faciles mémoriser : Chedid, Siméon, la création du monde peule : c’est simple.

Je mets les textes en bouche et de les chuchote au pied des montagnes. Je les verse dans le torrent, je les fais resonner dans l’air pour la montagne d’en face. Elle me répond en se cachant derrière des nuages, ou en laissant le soleil éclairer comme d’un sourire, sa poitrine. « 𝘘𝘶𝘦𝘭𝘲𝘶𝘦 𝘤𝘩𝘰𝘴𝘦 𝘰𝘶𝘷𝘳𝘦 𝘯𝘰𝘴 𝘢𝘪𝘭𝘦𝘴. 𝘘𝘶𝘦𝘭𝘲𝘶𝘦 𝘤𝘩𝘰𝘴𝘦 𝘧𝘢𝘪𝘵 𝘥𝘪𝘴𝘱𝘢𝘳𝘢𝘪̂𝘵𝘳𝘦 𝘭’𝘦𝘯𝘯𝘶𝘪 𝘦𝘵 𝘭𝘢 𝘱𝘦𝘪𝘯𝘦. » Elles adorent Rumi. Je ne sais pas pourquoi. « 𝑄𝑢𝑎𝑛𝑑 𝑙’𝑎̂𝑚𝑒 𝑠𝑒 𝑐𝑜𝑢𝑐ℎ𝑒 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑐𝑒𝑡𝑡𝑒 𝑙’ℎ𝑒𝑟𝑏𝑒, 𝑙𝑒 𝑚𝑜𝑛𝑑𝑒 𝑒𝑠𝑡 𝑡𝑟𝑜𝑝 𝑝𝑙𝑒𝑖𝑛 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑞𝑢𝑒 𝑙’𝑜𝑛 𝑝𝑢𝑖𝑠𝑠𝑒 𝑒𝑛 𝑝𝑎𝑟𝑙𝑒𝑟. » : elles adorent.
Je le sens : les mots rencontrent les pentes herbeuses, l’air, les gouttes de pluie et me reviennent comme chargés. « 𝑁𝑒 𝑟𝑒𝑡𝑜𝑢𝑟𝑛𝑒𝑧 𝑝𝑎𝑠 𝑑𝑜𝑟𝑚𝑖𝑟. 𝑉𝑜𝑢𝑠 𝑑𝑒𝑣𝑒𝑧 𝑑𝑒𝑚𝑎𝑛𝑑𝑒𝑟 𝑐𝑒 𝑞𝑢𝑒 𝑣𝑜𝑢𝑠 𝑑𝑒́𝑠𝑖𝑟𝑒𝑧 𝑣𝑟𝑎𝑖𝑚𝑒𝑛𝑡. 𝑁𝑒 𝑟𝑒𝑡𝑜𝑢𝑟𝑛𝑒𝑧 𝑝𝑎𝑠 𝑑𝑜𝑟𝑚𝑖𝑟 ». Elles approuvent de toute leur stature de vieilles vivantes.
Curieusement, Chedid et Siméon sont plus à l’aise dans la cuisine. Bon.
Alors je les répète en épluchant des légumes. C’est bien aussi l’épluchage : c’est comme un genre méditation. Et puis on mange, finalement !
Mais je sens comme une attention curieuse des montagnes à l’énonciation de la Genèse Peule. Comme si ça parlait d’un temps qu’elles comprennent :
« 𝑆𝑜𝑙𝑒𝑖𝑙 𝑒𝑡 𝐿𝑢𝑛𝑒 𝑠’𝑢𝑛𝑖𝑟𝑒𝑛𝑡. 𝐿’𝑢𝑛𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝐿𝑢𝑛𝑒 𝑒𝑡 𝑆𝑜𝑙𝑒𝑖𝑙 𝑝𝑟𝑜𝑑𝑢𝑖𝑠𝑖𝑡 𝑃𝑟𝑒𝑚𝑖𝑒𝑟 𝑡𝑒𝑚𝑝𝑠, 𝑃𝑟𝑒𝑚𝑖𝑒𝑟 𝑡𝑒𝑚𝑝𝑠 : 𝑇𝑒𝑚𝑝𝑠 𝑖𝑛𝑓𝑖𝑛𝑖. 𝑇𝑒𝑚𝑝𝑠 𝑖𝑛𝑓𝑖𝑛𝑖 𝑑𝑒 𝑙𝑢𝑖-𝑚𝑒̂𝑚𝑒 𝑝𝑟𝑜𝑑𝑢𝑖𝑠𝑖𝑡 𝑢𝑛 œ𝑢𝑓 𝑢𝑛𝑖𝑞𝑢𝑒. 𝑇𝑒𝑚𝑝𝑠 𝑖𝑛𝑓𝑖𝑛𝑖 𝑐𝑜𝑢𝑣𝑎 𝑙’œ𝑢𝑓 𝑝𝑒𝑛𝑑𝑎𝑛𝑡 𝑢𝑛 𝑡𝑒𝑚𝑝𝑠 𝑖𝑛𝑓𝑖𝑛𝑖. 𝑄𝑢𝑎𝑛𝑑 𝑠𝑒 𝑏𝑟𝑖𝑠𝑎 𝑙𝑎 𝑐𝑜𝑞𝑢𝑖𝑙𝑙𝑒, 𝑞𝑢𝑎𝑛𝑑 𝑙’œ𝑢𝑓 𝑢𝑛𝑖𝑞𝑢𝑒 𝑠’𝑜𝑢𝑣𝑟𝑖𝑡 𝑎𝑢 𝑐œ𝑢𝑟 𝑑𝑒 𝑡𝑒𝑚𝑝𝑠 𝑖𝑛𝑓𝑖𝑛𝑖 𝑗𝑎𝑖𝑙𝑙𝑖𝑡 𝑢𝑛 𝑔𝑟𝑎𝑛𝑑 𝑡𝑜𝑢𝑟𝑏𝑖𝑙𝑙𝑜𝑛.
𝑈𝑛 𝑖𝑚𝑚𝑒𝑛𝑠𝑒 𝑡𝑜𝑢𝑟𝑏𝑖𝑙𝑙𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝑑𝑒 𝑚𝑢𝑠𝑖𝑞𝑢𝑒𝑠, 𝑑𝑒 𝑚𝑎𝑡𝑖𝑒̀𝑟𝑒𝑠, 𝑑𝑒 𝑐𝑜𝑢𝑙𝑒𝑢𝑟𝑠, 𝑑𝑒 𝑙𝑢𝑚𝑖𝑒̀𝑟𝑒𝑠, 𝑑𝑒 𝑠𝑜𝑢𝑓𝑓𝑙𝑒𝑠, 𝑑𝑒 𝑐𝑟𝑖𝑠, 𝑑𝑒 𝑑𝑎𝑛𝑠𝑒𝑠. 𝐶’𝑒́𝑡𝑎𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑡𝑜𝑢𝑡𝑒𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑝𝑢𝑖𝑠𝑠𝑎𝑛𝑐𝑒𝑠 𝑒𝑡 𝑡𝑜𝑢𝑡𝑒𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑐𝑜𝑛𝑛𝑎𝑖𝑠𝑠𝑎𝑛𝑐𝑒𝑠, 𝑙𝑒𝑠 𝑓𝑜𝑟𝑐𝑒𝑠, 𝑙𝑒𝑠 𝑒́𝑛𝑒𝑟𝑔𝑖𝑒𝑠 𝑞𝑢𝑖 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑡𝑟𝑢𝑖𝑟𝑎𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑙’𝑢𝑛𝑖𝑣𝑒𝑟𝑠. 𝐶’𝑒́𝑡𝑎𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑐𝑜𝑚𝑚𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑟𝑖𝑣𝑖𝑒̀𝑟𝑒𝑠, 𝑑𝑒𝑠 𝑣𝑜𝑙𝑐𝑎𝑛𝑠, 𝑑𝑒𝑠 𝑜𝑢𝑟𝑎𝑔𝑎𝑛𝑠, 𝑑𝑒𝑠 𝑚𝑜𝑛𝑡𝑎𝑔𝑛𝑒𝑠 𝑠’𝑒́𝑙𝑒𝑣𝑎𝑛𝑡, 𝑑𝑒𝑠 𝑜𝑐𝑒́𝑎𝑛𝑠 𝑠𝑒 𝑐𝑟𝑒𝑢𝑠𝑎𝑛𝑡.
𝐺𝑢𝑒́𝑛𝑜 𝑝𝑟𝑖𝑡 𝑢𝑛𝑒 𝑝𝑎𝑟𝑐𝑒𝑙𝑙𝑒 𝑑𝑒 𝑐ℎ𝑎𝑐𝑢𝑛𝑒 𝑑𝑒 𝑐𝑒𝑠 𝑓𝑜𝑟𝑐𝑒𝑠. 𝐼𝑙 𝑒𝑛 𝑓𝑖𝑡 𝑢𝑛 𝑒̂𝑡𝑟𝑒 𝑢𝑛𝑖𝑞𝑢𝑒, 𝑢𝑛 𝑎𝑢𝑡𝑟𝑒 𝑒̂𝑡𝑟𝑒 𝑞𝑢𝑒 𝑙𝑢𝑖-𝑚𝑒̂𝑚𝑒. 𝐼𝑙 𝑠’𝑜𝑢𝑣𝑟𝑖𝑡 𝑎𝑙𝑜𝑟𝑠 𝑎̀ 𝑙𝑢𝑖 𝑒𝑡 𝑎̀ 𝑙𝑢𝑖 𝑙’𝑎𝑢𝑡𝑟𝑒 𝑠’𝑜𝑢𝑣𝑟𝑖𝑡. 𝐼𝑙𝑠 𝑠’𝑜𝑢𝑣𝑟𝑖𝑟𝑒𝑛𝑡 𝑙’𝑢𝑛 𝑎̀ 𝑙’𝑎𝑢𝑡𝑟𝑒, 𝑠’𝑜𝑢𝑣𝑟𝑖𝑟𝑒𝑛𝑡 𝑎̀ 𝑙’𝑢𝑛𝑖𝑣𝑒𝑟𝑠, 𝑙’𝑢𝑛𝑖𝑣𝑒𝑟𝑠 𝑠’𝑜𝑢𝑣𝑟𝑖𝑡 𝑎̀ 𝑒𝑢𝑥, 𝑎̀ 𝑐𝑒𝑙𝑢𝑖 𝑞𝑢𝑖 𝑙𝑒 𝑐𝑟𝑒́𝑎𝑖𝑡, 𝑎̀ 𝑐𝑒𝑙𝑢𝑖 𝑞𝑢’𝑖𝑙 𝑎𝑐𝑐𝑢𝑒𝑖𝑙𝑙𝑎𝑖𝑡 𝑒𝑡 𝐺𝑢𝑒́𝑛𝑜 𝑓𝑢𝑡 𝑠𝑎𝑡𝑖𝑠𝑓𝑎𝑖𝑡. »

Elles n’applaudissent pas, bien sûr, mais tendent l’oreille et accueillent. De même, elles aiment le récit de la sorcière. Ça les fait rire. Elles savent comment ça va finir. Elles laissent dire sans se moquer…et puis, je les soupçonne d’être un peu fascinées par l’histoire de cette ville moderne et brillante. Je croyais mémoriser le texte, mais ici tandis que je marche, Blavitskaya sort de ses gonds, prend les commandes : elle marche, rit, jubile, même !
« 𝐿𝑎 𝑚𝑎𝑔𝑖𝑐𝑖𝑒𝑛𝑛𝑒 𝑖𝑛𝑣𝑒𝑛𝑡𝑎𝑖𝑡 𝑢𝑛𝑒 𝑎𝑢𝑡𝑟𝑒 𝑐𝑎𝑙𝑎𝑚𝑖𝑡𝑒́, 𝑢𝑛 𝑝𝑖𝑒̀𝑔𝑒 𝑜𝑢̀ 𝑒𝑙𝑙𝑒 𝑝𝑒𝑛𝑑𝑟𝑎𝑖𝑡 𝑐𝑒𝑢𝑥 𝑞𝑢𝑖 𝑐𝑟𝑜𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑎𝑢 𝑃𝑒̀𝑟𝑒 𝑁𝑜𝑒̈𝑙, 𝑐𝑟𝑢𝑒𝑙 𝑒𝑡 𝑑𝑒́𝑓𝑖𝑛𝑖𝑡𝑖𝑓 𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑣𝑟𝑎𝑖𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑡𝑟𝑒̀𝑠 𝑑𝑒́𝑠𝑖𝑟𝑎𝑏𝑙𝑒, 𝑢𝑛𝑒 𝑣𝑖𝑙𝑙𝑒 𝑜𝑢̀ 𝑙’𝑜𝑛 𝑝𝑜𝑢𝑟𝑟𝑎𝑖𝑡 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑜𝑚𝑚𝑒𝑟 𝑠𝑎𝑛𝑠 𝑟𝑖𝑒𝑛 𝑝𝑎𝑦𝑒𝑟 : 𝑊𝑒𝑙𝑖 𝑊𝑒𝑙𝑖 𝑙𝑎 𝑐𝑖𝑡𝑒́ 𝑑𝑢 𝑝𝑙𝑎𝑖𝑠𝑖𝑟 𝑎̀ 𝑣𝑜𝑙𝑜𝑛𝑡𝑒́ ! 𝑊𝑒̂𝑙𝑖 𝑤𝑒̂𝑙𝑖, 𝑡𝑜𝑢𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑑𝑒́𝑠𝑖𝑟𝑠, 𝑊𝑒̂𝑙𝑖 𝑤𝑒𝑙𝑖, 𝑡𝑜𝑢𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑝𝑙𝑎𝑖𝑠𝑖𝑟𝑠
𝐸𝑙𝑙𝑒 𝑠’𝑒́𝑡𝑎𝑖𝑡 𝑑𝑖𝑡 : 𝐼𝑙 𝑓𝑎𝑢𝑡 𝑞𝑢’𝑒𝑙𝑙𝑒 𝑠𝑜𝑖𝑡 𝑣𝑟𝑎𝑖𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑖𝑚𝑚𝑒𝑛𝑠𝑒, 𝑞𝑢𝑒 𝑙𝑒𝑠 𝑚𝑎𝑖𝑠𝑜𝑛𝑠 𝑠𝑜𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑏𝑟𝑖𝑙𝑙𝑎𝑛𝑡𝑒𝑠, 𝑒𝑡 𝑙𝑒𝑠 𝑟𝑢𝑒𝑠 𝑟𝑒́𝑓𝑙𝑒́𝑐ℎ𝑖𝑠𝑠𝑎𝑛𝑡𝑒𝑠, 𝑞𝑢’𝑒𝑙𝑙𝑒𝑠 𝑠’𝑒𝑛𝑙𝑎𝑐𝑒𝑛𝑡 𝑒𝑡 𝑠’𝑒𝑚𝑚𝑒̂𝑙𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑡𝑜𝑢𝑡𝑒𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑑𝑖𝑟𝑒𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑞𝑢𝑒 𝑐𝑒𝑢𝑥 𝑞𝑢𝑖 𝑠’𝑦 𝑑𝑒́𝑝𝑙𝑎𝑐𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑒́𝑠𝑒𝑠𝑝𝑒̀𝑟𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑡𝑟𝑜𝑢𝑣𝑒𝑟 𝑐𝑒 𝑞𝑢’𝑖𝑙𝑠 𝑠𝑜𝑛𝑡 𝑣𝑒𝑛𝑢𝑠 𝑐ℎ𝑒𝑟𝑐ℎ𝑒𝑟. 𝑄𝑢’𝑖𝑙𝑠 𝑠𝑜𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑝𝑒𝑟𝑑𝑢𝑠 𝑎̀ 𝑗𝑎𝑚𝑎𝑖𝑠, 𝑒́𝑏𝑙𝑜𝑢𝑖𝑠 𝑝𝑎𝑟 𝑙𝑒𝑠 𝑙𝑢𝑚𝑖𝑒̀𝑟𝑒𝑠 𝑒𝑡 𝑟𝑒𝑛𝑑𝑢𝑠 𝑓𝑜𝑢𝑠 𝑝𝑎𝑟 𝑙𝑒𝑠 𝑏𝑟𝑢𝑖𝑡𝑠 ! 𝑊𝑒̂𝑙𝑖 𝑤𝑒̂𝑙𝑖, 𝑡𝑜𝑢𝑡 𝑏𝑒𝑎𝑢 𝑡𝑜𝑢𝑡 𝑎𝑚𝑜𝑢𝑟, 𝑊𝑒̂𝑙𝑖 𝑤𝑒̂𝑙𝑖 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑡𝑜𝑢𝑗𝑜𝑢𝑟𝑠
𝐸𝑙𝑙𝑒 𝑠𝑒 𝑟𝑒́𝑗𝑜𝑢𝑖𝑠𝑠𝑎𝑖𝑡 : 𝑖𝑙𝑠 𝑣𝑜𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑣𝑒𝑛𝑖𝑟 𝑑𝑒𝑠 𝑏𝑒̂𝑡𝑒𝑠 : 𝑖𝑙𝑠 𝑚𝑒 𝑙𝑒́𝑐ℎ𝑒𝑟𝑜𝑛𝑡 𝑙𝑒𝑠 𝑚𝑎𝑖𝑛𝑠 𝑒𝑡 𝑚𝑜𝑖, 𝑗𝑒 𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑑𝑜𝑛𝑛𝑒𝑟𝑎𝑖 𝑑𝑒 𝑞𝑢𝑜𝑖 𝑚𝑎𝑛𝑔𝑒𝑟, 𝑑𝑒 𝑞𝑢𝑜𝑖 𝑏𝑜𝑖𝑟𝑒, 𝑑𝑒 𝑙’𝑎𝑙𝑐𝑜𝑜𝑙 𝑒𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝑑𝑟𝑜𝑔𝑢𝑒𝑠 𝑞𝑢𝑖 𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑓𝑒𝑟𝑜𝑛𝑡 𝑜𝑢𝑏𝑙𝑖𝑒𝑟 𝑐𝑒 𝑞𝑢’𝑖𝑙𝑠 𝑒́𝑡𝑎𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑎𝑢𝑡𝑟𝑒𝑓𝑜𝑖𝑠. 𝐼𝑙𝑠 𝑠𝑒𝑟𝑜𝑛𝑡 𝑑𝑒́𝑠𝑒𝑠𝑝𝑒́𝑟𝑒́𝑠, 𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑎𝑦𝑎𝑛𝑡 𝑡𝑜𝑢𝑡 𝑜𝑢𝑏𝑙𝑖𝑒́, 𝑖𝑙𝑠 𝑛𝑒 𝑠𝑎𝑢𝑟𝑜𝑛𝑡 𝑝𝑙𝑢𝑠 𝑝𝑜𝑢𝑟𝑞𝑢𝑜𝑖. 𝑊𝑒̂𝑙𝑖 𝑤𝑒̂𝑙𝑖, 𝑟𝑖𝑒𝑛 𝑞𝑢𝑒 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑡𝑜𝑖, 𝑊𝑒̂𝑙𝑖 𝑤𝑒̂𝑙𝑖,𝑡𝑢 𝑛’𝑒𝑛 𝑟𝑒𝑣𝑖𝑒𝑛𝑠 𝑝𝑎𝑠, 𝑡𝑢 𝑛’𝑒𝑛 𝑟𝑒𝑣𝑖𝑒𝑛𝑠 𝑝𝑎𝑠, 𝑡𝑢 𝑛’𝑒𝑛 𝑟𝑒𝑣𝑖𝑒𝑛𝑠 𝑝𝑎𝑠 »
Sous la pression conjuguée de la Bkavitskaya et des montagnes, je m’attarde un peu avec la sorcière. Pour le plaisir, je leur dis même un texte qui n’était pas au programme. Il est question d’inondations et de sècheresses, de maladies, d’épidémies, d’inimitié :
« 𝐿𝑎 𝑐ℎ𝑎𝑛𝑠𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝑙’𝑒𝑎𝑢 𝑠’𝑒́𝑡𝑒𝑖𝑔𝑛𝑖𝑡. 𝑆𝑜𝑢𝑟𝑐𝑒𝑠, 𝑡𝑜𝑟𝑟𝑒𝑛𝑡𝑠, 𝑟𝑖𝑣𝑖𝑒̀𝑟𝑒𝑠, 𝑓𝑙𝑒𝑢𝑣𝑒𝑠 𝑓𝑢𝑟𝑒𝑛𝑡 𝑐ℎ𝑎𝑛𝑔𝑒́𝑠 𝑒𝑛 𝑏𝑎𝑛𝑐𝑠 𝑑𝑒 𝑠𝑎𝑏𝑙𝑒 𝑒𝑡 𝑑𝑒 𝑐𝑎𝑖𝑙𝑙𝑜𝑢𝑥. 𝐿𝑒𝑠 𝑏𝑟𝑎𝑛𝑐ℎ𝑒𝑠 𝑑𝑒𝑠 𝑎𝑟𝑏𝑟𝑒𝑠 𝑠𝑒́𝑐ℎ𝑒̀𝑟𝑒𝑛𝑡. 𝐿𝑒𝑠 𝑓𝑜𝑟𝑒̂𝑡𝑠 𝑑𝑒𝑣𝑖𝑛𝑟𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑒́𝑠𝑒𝑟𝑡𝑠. 𝐿𝑒 𝑣𝑒𝑛𝑡 𝑠𝑒 𝑑𝑒́𝑐ℎ𝑎𝑖𝑛𝑎 𝑠𝑢𝑟 𝑡𝑒𝑟𝑟𝑒 𝑒𝑡 𝑖𝑙 𝑠𝑜𝑢𝑓𝑓𝑙𝑎. …𝐿𝑒𝑠 𝑔𝑟𝑎𝑛𝑑𝑒𝑠 𝑐𝑖𝑡𝑒́𝑠 𝑠’𝑒𝑓𝑓𝑜𝑛𝑑𝑟𝑒̀𝑟𝑒𝑛𝑡. 𝐿𝑒𝑢𝑟𝑠 𝑚𝑢𝑟𝑠 𝑠𝑒 𝑐ℎ𝑎𝑛𝑔𝑒𝑎𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑒𝑛 𝑓𝑎𝑟𝑖𝑛𝑒. 𝑃𝑙𝑢𝑠 𝑞𝑢𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑡𝑟𝑜𝑢𝑠 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑠’𝑎𝑏𝑟𝑖𝑡𝑒𝑟 𝑝𝑒𝑛𝑑𝑎𝑛𝑡 𝑙𝑎 𝑛𝑢𝑖𝑡. 𝑂𝑛 𝑛𝑒 𝑡𝑟𝑜𝑢𝑣𝑎 𝑝𝑙𝑢𝑠 𝑎̀ 𝑚𝑎𝑛𝑔𝑒𝑟, 𝑙𝑒 𝑙𝑎𝑖𝑡 𝑠𝑒 𝑡𝑟𝑎𝑛𝑠𝑓𝑜𝑟𝑚𝑎 𝑒𝑛 𝑠𝑎𝑛𝑔 𝑙𝑒 𝑝𝑎𝑖𝑛 𝑒𝑛 𝑝𝑖𝑒𝑟𝑟𝑒, 𝑙’𝑒𝑎𝑢 𝑠𝑒 𝑡𝑟𝑜𝑢𝑣𝑎 𝑒𝑚𝑝𝑜𝑖𝑠𝑜𝑛𝑛𝑒́𝑒. 𝑃𝑙𝑢𝑠 𝑝𝑒𝑟𝑠𝑜𝑛𝑛𝑒 𝑛’𝑒𝑢𝑡 𝑑𝑒 𝑝𝑖𝑡𝑖𝑒́ 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑐𝑒𝑢𝑥 𝑞𝑢𝑖 𝑑𝑒𝑚𝑎𝑛𝑑𝑎𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑝𝑖𝑡𝑖𝑒́ 𝑝𝑙𝑢𝑠 𝑑𝑒 𝑡𝑒𝑛𝑑𝑟𝑒𝑠𝑠𝑒, 𝑝𝑙𝑢𝑠 𝑑𝑒 ℎ𝑜𝑛𝑡𝑒, 𝑜𝑛 𝑠'𝑜𝑢𝑏𝑙𝑖𝑎𝑖𝑡. »
Et je perçois en retour la compassion de ces géantes de pierre. J’ai hâte de leur raconter le Mahabharata !
𝗡𝗢𝗧𝗘𝗦 𝗱𝘂 𝗷𝗼𝘂𝗿 : https://www.lemonde.fr/.../frederic-gros-philosophe-la...
Comments